Raul, qui es-tu, d’où viens-tu, racontes nous ton histoire.
J’ai grandi dans la ville de San Salvador de Jujuy. Je suis le fils de migrants indigènes qui occupaient un territoire des Andes, au sud de Potosí en Bolivie à la frontière avec l’Argentine.
En 1937, mon père (encore en vie aujourd’hui), âgé alors de 16 ans, travaillait en tant que « zafrero » : il coupait manuellement la canne à sucre dans la raffinerie de sucre Ledesma. A partir de cette première incursion dans la zone subtropicale des vallées jujuyanes, jamais il ne put rentrer vers sa terre native. Aujourd’hui, c’est un village fantôme suite à l’exode de tous ses habitants.
Après avoir obtenu son établissement permanent en Argentine, en 1951 mon père établit résidence permanente dans la capitale.J’ai étudié et travaillé dans cette ville.
Je suis journaliste de formation et pendant 20 ans j’ai exercé au sein du journal « Pregón » de San Salvador de Jujuy. C’est dans cette ville que j’ai rencontré mon épouse, Isabel. Elle aussi a migré de ses terres d’origine, quand elle était adolescente, en recherche d’une meilleure opportunité de vie comme tous ceux qui quittent leur village.Cela fait dix ans que nous avons décidé de rentrer « à la source » car nous sentions l’appel de la terre.
Aujourd’hui, nous pouvons dire sans aucun doute que notre objectif se concrétise peu à peu étant donné que l’activité touristique que nous développons au sein de la communauté nous comble de plaisir! Revenir sur les collines où vécurent nos ancêtres est un défi qui nous comble de paix, d’amour et de bonheur, c’est un lieu singulier pour vivre en contact direct avec la nature et notre culture andine millénaire. Nous souhaitons continuer de la partager avec tous ceux qui désirent nous rendre visite.
Au sein de la communauté andine, j’ai le rôle d’hôte et de guide. Je suis le premier contact des visiteurs. J’offre le logement et le déjeuner dans ma maison, adaptée pour recevoir des visiteurs. Actuellement, nous pouvons accueillir une dizaine de personnes.
Il y a deux autres familles qui alternent le service de gastronomie régionale et deux autres qui proposent des visites guidées et des balades à cheval.
Pour nous qui vivons dans une zone rurale, c’est dur de dire que nous avons du « temps libre ». Il y a toujours quelque chose à faire. Parfois, la journée d’un jour semble exiguë pour affronter et réaliser nos activités quotidiennes. Mais bon, j’avoue que nous n’avons pas des visites tous les jours. Dans la communauté, je conduis les passagers, je travaille dans les champs, j’améliore les infrastructures de maison où nous logeons les visiteurs.
A Humahaca et éventuellement San Salvador de Jujuy, je continue de réaliser mon travail de journaliste.
Quels sont selon toi les points forts de l’Argentine (pour un voyageur) ?
Sans aucun doute, le point fort de l’Argentine passe par son paysage puis sa diversité culturelle, la diversité des peuples originels qui la constituent. Les voyageurs sont également surpris par la grande étendue de son territoire dont ils peuvent à peine parcourir une partie. Ils promettent toujours de revenir.
Je me réjouis de savoir que nos visiteurs distinguent notre nourriture et en particulier les aliments andins que nous produisons sans engrais chimiques. Ici, ils rencontrent, l’authentique saveur, l’arome des aliments naturels de la terre ni agressée ni manipulée.
J’aime échanger avec les voyageurs et notamment sur l’importance de la géographie de nos terres, et sur notre histoire qui ont beaucoup de valeur. C’est une histoire argentine et d’Amérique du Sud non officielle au sein de laquelle il faut découvrir et résoudre un passé précolombien afin de mieux comprendre la trame et la structure de la société actuelle qui abrite des actions ambiguës, et ambivalentes.
Autre chose que tu souhaites nous partager ?
En guise d’invitation et de réflexion pour les futurs visiteurs et touristes qui souhaiteraient venir dans notre communauté, avec Tierra Latina, nous nous engageons à offrir un service unique aux visiteurs.
Au contraire, c’est fascinant de découvrir son lieu d’origine, son histoire personnelle, ses rêves et objectifs. C’est tout le temps fructueux, une interaction, un échange, une discussion, des questions, des réponses, des attitudes d’empathie réciproques. Au delà de montrer un beau paysage, varié et polychromatique, nous offrons tout particulièrement l’entrée dans un riche passé précolombien, l’ethnotourisme avec responsabilité et respect.
Ce tourisme est une source de travail et d’appui aux activités traditionnelles locale : l’agriculture, l’élevage et l’artisanat. C’est un partage et une découverte pour tous.
Pour nous aussi c’est une opportunité de connaître d’autres modes de vie, d’autres cultures. Il y a un véritable échange de connaissances et d’expériences. La visite de chaque touriste pourrait apparaître comme une routine mais ce n’est pas le cas. Chaque expérience est différente dû aux particularités de chacun.
Découvrez tous les portraits de l’équipe Tierra Latina :
Patrice, chauffeur-accompagnateur français à Buenos Aires
Alexandra, assistante chef de produit
Juan, guide local Chilien
Carlos, guide local dans les Andes Péruviennes
Sarah, guide locale argentine
Eva, guide et danseuse de tango à Buenos Aires
Laura et Adrián, hôtes d’un ecolodge à Iguazu